LA POUDRERIE DE PONT-DE-BUIS
Thomas Bronnec
Depuis quatre siècles, au rythme des guerres et des révolutions, on produit de la poudre dans ce coin de Bretagne. Modernisée, l’usine fournit désormais les chasseurs.
L’intendant de marine Desclouzeaux, qui, sur ordre de Louis XIV, fonda en 1688 la poudrerie de Pont-de-Buis-lès-Quimerch, reconnaîtrait sans doute le ciel plombé et le crachin lancinant qui habillent toujours de gris ce bourg finistérien. Mais il serait certainement surpris de voir que, trois cent quinze ans plus tard, l’usine est toujours là, vivante et plus moderne que jamais. La poudre qu’on y produit n’est plus destinée à la marine royale, bien sûr, ni même à l’armée, mais aux chasseurs et aux adeptes des clubs de tir.
Pendant trois siècles, l’histoire de la poudrerie a été rythmée par les guerres. Celles du Roi-Soleil, celles de la Révolution et de l’Empire, puis les trois conflits avec l’Allemagne. A chaque fois, on retrouve le même scénario : pour atteindre les niveaux de production exigés par le gouvernement, les effectifs augmentent, dans des proportions parfois vertigineuses. En 1906, on compte 400 ouvriers à la poudrerie. Dix ans plus tard, au plus fort de la Grande Guerre, ils sont quinze fois plus nombreux. Yvonne, une dynamique octogénaire, fille et femme de salariés du site, se souvient des années qui ont précédé le second conflit mondial : ” Quand on a commencé à embaucher à la poudrerie, on savait que ça allait recommencer, que la guerre n’était pas très loin. Mon mari y est allé, ma belle-mère, mes copines, mes cousines, tout le monde. ” Dans les allées quasi désertes de ce gigantesque site de 100 hectares qui n’emploie plus que 150 ouvriers, on a du mal aujourd’hui à imaginer le grouillement de ces hommes et de ces femmes, dont le travail était particulièrement pénible. Louise, née en 1918, se souvient des mains de sa tante, ” crevassées par la poudre ” qu’on attrapait sans précautions et qu’on mélangeait à l’aide de simples draps, en la faisant sauter comme sur un trampoline.
Arrivée en Bretagne à l’été 1940, l’armée nazie décida de ne pas utiliser Pont-de-Buis et mit les bâtiments sous séquestre. L’usine ne reprit sa production qu’à la Libération. Les commandes américaines lui permirent de vivre une période faste, qui s’arrêta pourtant assez rapidement. Avant que la poudrerie ne soit intégrée à la Société nationale des poudres et explosifs, en 1973, sa fermeture fut maintes fois évoquée.
Aujourd’hui, elle n’est plus ce poumon qui faisait vivre toute une région, où chaque famille comptait un ouvrier ou un chef poudrier faisant l’admiration des siens. Progressivement lâchée par l’Etat, qui ne possède plus qu’une partie résiduelle du capital de la maison mère, NobelSport, la poudrerie de Pont-de-Buis ne fait plus rêver. Dans ce pays qui semble se mourir, où les commerces ferment les uns après les autres, serait-elle redevenue une entreprise comme les autres ?
Le directeur du site, Gérard Delpla, un Toulousain qui a su préserver son accent chantant après vingt ans passés ici, refuse de le croire. Il aime ” son usine ” avec passion et vante l’esprit de famille qui y règne toujours. En 1987, dans la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 octobre, une tempête d’une force inouïe arrache des dizaines d’arbres qui se couchent en travers des routes du site et empêchent l’accès à certains bâtiments. ” Quand je suis arrivé, le vendredi matin, raconte avec émotion Gérard Delpla, tous les gars étaient là avec leurs tronçonneuses. Ils ont travaillé tout le week-end, et le lundi on a redémarré. Ça, ça vous prend là “, ajoute-t-il, la main sur le ventre.
Cet attachement à l'” outil ” vient de loin. Il découle de l’histoire d’un site où le risque omniprésent et les catastrophes intermittentes ont forgé une communauté de destin qui a transcendé dans les moments difficiles l’opposition entre patron et ouvriers. La première explosion eut lieu en 1695 et fut suivie d’une quinzaine d’autres. Francette, 83 ans, est restée marquée par l’image d’un de ses voisins, gravement brûlé, qu’on avait ” ramené chez lui dans une charrette, le visage défiguré et les mains tordues “. La dernière catastrophe, encore dans toutes les mémoires mais que personne n’aime évoquer, eut lieu le 7 août 1975. Le quotidien Ouest-France évoqua une poudrerie ” volatilisée ” par une série d’explosions au cours de laquelle trois personnes avaient trouvé la mort.
Les wagonnets qu’on poussait avec peine ont laissé la place à des ordinateurs qui ont automatisé le processus de production, et les salariés n’ont que peu de contact physique avec les explosifs. Mais la poudrerie de Pont-de-Buis, équipée avec les technologies les plus récentes, se tient toujours droite, dominant le village. Elle a su se diversifier en fabriquant, parallèlement à la poudre de chasse, des produits pour le maintien de l’ordre, telles les grenades lacrymogènes. Un exemple de reconversion industrielle payé au prix fort, mais qui permet à l’usine de voir loin.
Gilles Roccia, le PDG de NobelSport, déteste la nostalgie. Aujourd’hui, les jeunes récemment embauchés habitent peut-être Brest, Quimper ou Châteaulin. Ils ne parlent plus breton et ne portent plus de sabots de bois pour éviter de provoquer la poudre en la piétinant. Mais, tout autant que leurs aînés, ils ont le sentiment d’écrire de nouvelles pages de l’histoire de Pont-de-Buis.
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PONT-DE-BUIS. EXPLOSION À LA POUDRERIE : TROIS BLESSÉS DONT UN GRAVE
L’alerte a été donnée à 16 h 19. Une explosion venait d’avoir lieu à la poudrerie Nobel Sport de Pont-de-Buis.
Une explosion sur une canalisation qui sert à transporter de l’eau vient d’avoir lieu à proximité de la poudrerie Nobel Sport de Pont-de-Buis. Trois employés ont été blessés, dont un plus gravement.
Un employé souffrirait de plaies à un bras et deux autres ont été brûlés au visage.
Selon les premiers éléments de l’enquête, il s’agit d’un accident très localisé, il n’y a donc pas de risque de propagation, ni d’incendie. On ne connaît pas encore la cause de l’explosion.
Pas d’évacuation
Le commandant de la compagnie de gendarmerie de Châteaulin est sur place, accompagné d’enquêteurs de la brigade de recherche de la gendarmerie.
La poudrerie n’a pas été évacuée. Pas de plan rouge mis en place.
La poudrerie Nobel Sport implantée sur la commune, fabrique les gaz lacrymogènes, des flash-balls utilisés par les forces de l’ordre et des articles de chasse.
EXPLOSION À PONT DE BUIS
Pont-de-Buis. Explosion à la poudrerie 31 juillet 2014 à 09h05 Trois opérateurs ont été grièvement blessés, hier. L’un d’eux présentait une… Trois opérateurs ont été grièvement blessés, hier. L’un d’eux présentait une plaie hémorragique et aurait eu, selon nos sources, un membre arraché.. Photo Gwen Le Ny Une explosion a eu lieu, hier, dans l’entreprise Nobelsport, sur le site de l’ancienne poudrerie de Pont-de-Buis. La déflagration a retenti vers 16 h 15. Trois personnes ont été grièvement blessées. En 1975, une explosion avait fait 3 morts et 81 blessés. Hier, vers 16 h 15, une explosion s’est produite sur le site de Nobelsport, l’ancienne poudrerie de Pont-de-Buis. Elle est survenue sur une canalisation transportant de l’eau, sans que la cause soit connue. « Un éclatement pneumatique s’est produit sur une conduite d’aspiration alors qu’un opérateur d’entretien intervenait, indique Jean-Pierre Guiavarc’h, directeur de l’établissement. Absent au moment des faits, le responsable précise que l’usine avait cessé son exploitation depuis le 25 juillet et ce, pour une durée de trois semaines. « Comme chaque année, un programme d’entretien est engagé pendant cette période », précise-t-il. L’accident s’est produit dans un bâtiment où l’on ne manipule pas de poudre à proprement parler. Il ne présentait pas de risque de propagation ni d’incendie. D’ailleurs, l’établissement n’a pas été évacué. Un membre arraché Trois opérateurs ont été grièvement blessés. L’un d’eux présentait une plaie hémorragique et aurait eu, selon nos sources, un membre arraché. Les deux autres blessés souffrent de graves brûlures au visage. Un blessés a été transporté en hélicoptère par Dragon 29, un autre par celui du Smur. Ils ont été transférés pour l’un à La Cavale Blanche à Brest, pour l’autre à l’hôpital de Cornouaille de Quimper. Le dernier a quant à lui été pris en charge au sol par les pompiers. Des hommes des centres de secours du Faou, Quimper, Pleyben, Châteaulin, Sizun, Châteauneuf étaient sur place. Le secrétaire général de la préfecture, Éric Étienne, s’est rendu sur les lieux. L’entrée du site était sous bonne garde de la gendarmerie, tout le temps de l’intervention des secours, hier après-midi. L’ambiance était pesante. Les rares employés à quitter les lieux affichaient un visage fermé, se refusant à tout commentaire. L’émotion était palpable. Établissement classé Seveso « seuil haut » Peu de curieux aux abords du site. Un riverain déclarait avoir entendu la déflagration, « un gros boum, mais qui n’a pas fait trembler les fenêtres ». D’autres personnes, dans le bourg, disaient avoir aussi entendu l’explosion : « On ne voyait rien de l’extérieur. On ne s’est pas formalisé, c’est déjà arrivé lors d’exercices ». À site sensible, communication sensible. Nobelsport, spécialisée dans la fabrication et le stockage de poudre pour les cartouches de chasse et de tir sportif (autorisation pour 900 t), ainsi que de Flash-Ball et grenades lacrymogènes, est classée Seveso « seuil haut ». Son Plan de prévention des risques technologiques (PPRT) avait été le premier approuvé par le préfet dans le Finistère, en décembre 2010. Les PPRT, nés après la catastrophe d’AZF à Toulouse, ont vocation à organiser la cohabitation entre les sites industriels à risques et les riverains. En complément Trois morts et 81 blessés en 1975 au même endroit L’explosion accidentelle survenue le 7 août 1975, dans l’usine pyrotechnique de Pont-de-Buis-lès-Quimerch, est encore dans nombre de mémoires en Bretagne, tant le bilan fut lourd : trois morts et 81 blessés (60 appartenant au personnel de l’usine et 21 habitants de Pont-de-Buis). 38 personnes, au total, seront hospitalisées, dont deux dans un état grave. Les dommages matériels furent également importants : tous les bâtiments de la poudrerie furent endommagés, 90 maisons situées à l’extérieur du site détruites, et 300 à 400 endommagées de 50 à 80 % (*). Voilà pourquoi une explosion au même endroit, presque quarante ans plus tard, réveille aussitôt des souvenirs douloureux chez une partie de la population. Pourtant, si le lieu est identique, le site de la poudrerie de Nobelsport n’a plus grand-chose à voir avec l’usine de 1975. Celle-ci, à l’époque, employait plus de 500 personnes pour une capacité de production annuelle de 1.400 tonnes, composée à 80 % de poudres de chasse et explosifs civils et à 20 % d’explosifs de munitions pour armes légères. Et, avant l’explosion, il était prévu que la production atteigne les 2.000 tonnes avec un effectif prévu de 615 personnes. Reste que le site, qui est la plus ancienne poudrerie française (elle a été créée à la fin du XVIIe siècle), est toujours sensible comme le prouve son classement Seveso « seuil haut ». * Source ministère chargé du développement durable
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EXPLOSION À LA POUDRERIE DE PONT-DE-BUIS : L’ACCIDENT DÛ À LA MAINTENANCE |
L’accident qui a blessé trois ouvriers à l’usine Nobelsport de Pont-de-Buis est dû à une opération de maintenance.
L’explosion qui a eu lieu vers 16 h à la poudrerie Nobelsport de Pont-de-Buis est dûe à une opération de maintenance, vient d’expliquer la direction de l’établissement. “Il s’agissait d’une opération d’entretien, lors du nettoyage d’une conduite d’aspiration.”
Éclatement d’un pneumatique
“Un éclatement pneumatique s’est produit, blessant l’opérateur d’entretien au bras et affectant deux autres opérateurs de maintenance”. L’entreprise qui fabrique de la poudre de chasse et des produits pour le maintien de l’ordre avait cessé son exploitation le 25 juillet, pour trois semaines estivales.
Philippe Attard. Ouest-France